Thomas Ruyant (VULNERABLE) a mené la flotte du Vendée Globe 2024 dans l'hémisphère sud hier soir à 19h10'15'' UTC, soit un temps écoulé de 11j 07h 08m 15s depuis le départ du tour du monde en solitaire et sans escale dimanche 11 à 12h02 UTC. Le passage du leader vers l'équateur est le plus lent depuis au moins la course de 2008-9.

Ruyant menait tôt ce matin avec seulement quatre milles d'avance, mais après avoir bénéficié de son positionnement plus à l'Est, c'est Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) qui reprend la tête ce matin, suivi de Sam Goodchild (VULNERABLE) en troisième position à seulement cinq milles. A 06h00 UTC ce matin, 14 bateaux ont franchi la ligne d'arrivée dans l'hémisphère sud. Il ne reste plus que 50 milles d'écart entre les dix premiers.

Ruyant a trinqué au roi Neptune avec du rhum, Sam Goodchild avec des pastilles de chocolat de Grenade où il a grandi, Sam Davies, dans le 11e ce matin, avec de la bière. Les traditions sont respectées et il ne reste plus qu'à s'assurer qu'une connexion soit établie avec la basse pression qui se développe au large de Cabo Frio, au nord de Rio de Janeiro, la légendaire zone de cyclogénèse où naissent les dépressions de l'océan Austral.

Ils se dirigent désormais vers Fernando de Noronha avec des vitesses qui varient entre 15 et 18 nœuds. « Les bateaux les plus à l’Ouest ont un angle serré dans l’alizé de Sud-Est, ce qui explique que les vitesses ne soient pas assez élevées », explique Jacques Caraës à la direction de course.

Et de la course pour rejoindre le Pierre Hays, la direction de course suggère : « Le premier devrait l'atteindre dans les 24 heures, même si c'est encore difficile d'en être certain, les dix premiers devraient pouvoir en profiter. »

C’est donc bien là le défi majeur qui est au cœur des préoccupations de tous les skippers de haut niveau. Jérémie Beyou, qui s’est tordu le genou hier, explique : « C’est important, c’est un ascenseur à ne pas rater. On a tous envie d’attraper cette petite déprime et de s’en sortir avec. »

« C’est un scénario plutôt sympa, constate Davies (Initiatives Cœur). Si on a la chance d’attraper cette dépression qui sort du Brésil, on pourra descendre rapidement vers le cap de Bonne Espérance, on sera catapulté jusqu’en Afrique du Sud. Ça nous permettrait de couper la route et de traverser rapidement l’Atlantique Sud. »

Pour le reste de la flotte, le Pot au Noir est toujours une réalité. Dix-sept marins sont forfaits, le dernier en date étant Damien Seguin (Groupe Apicil).

« Il y a un bon petit rebond élastique à la sortie entre ces bateaux et les autres qui avancent à moins de dix nœuds », explique Jacques Caraës.

Dans ce deuxième groupe, on retrouve notamment Benjamin Ferré (Monnoyeur – DUO for a JOB) qui est toujours aussi perspicace lorsqu’il s’agit de décrire la situation. C’était le cas hier soir alors qu’il dégustait des pâtes au thon : « Je ne suis pas déçu par l’expérience du Pot au Noir ! J’ai eu d’énormes éclairs, des pluies torrentielles… C’était plus effrayant que venteux. Je n’ai pas été surpris mais je suis content d’avoir passé le premier Pot au Noir de ma vie. On dirait un gros amas de nuages avec des lumières folles. Les nuages bougent et charrient des barriques d’eau. Par contre, je me suis fait surprendre plusieurs fois dans des zones d’eau calme et ça profite à mes petits copains. Et puis il fait chaud : dès que je fais un pas dans le bateau, je perds 10 litres d’eau. J’hésite même à mettre un ris tellement il fait chaud ! »

Ferré garde le sourire et continue d'avancer. Dans le même temps, la flotte s'allonge un peu plus. Il y a désormais près de 700 milles entre la tête de flotte et Jingkun Xu (Singchain Team Haikou, 38e) et plus de 1 300 milles avec Szabolcs Weöres (New Europe, 39e) qui ferme la marche.

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