
Premier skipper sorti du Vendée Globe
« Je n'en peux plus, j'abandonne ce deuxième Vendée Globe », s'est exclamé, ému, le skipper français du Vendée Globe Maxime Sorel, en début d'après-midi, depuis Madère.
Le skipper de 38 ans de V and B – Monbana – Mayenne, qui avait signé une belle et accomplie 10e place sur l’édition 2020-2021 de la course, en bouclant le tour du monde avec un bateau mal aimé et malchanceux qui n’avait jamais terminé le Vendée Globe depuis 2008, est malheureusement le premier skipper à abandonner la dixième édition de la course. Il a été contraint de renoncer à cause d’une grave blessure à la cheville et d’une détérioration du système de hook de grand-voile et du chariot de grand-voile. Il se rendra prochainement à terre à Madère pour passer une radio de sa cheville.
Alors que les leaders de la course s'enfoncent dans des vents faibles entre les Canaries et les îles du Cap Vert, avec le skipper britannique Sam Goodchild (VULNERABLE) en tête, la course de Sorel est terminée trop tôt.
Un bilan bien triste pour ce skipper habitué à repousser ses limites. Ingénieur civil de formation, il a terminé dixième de l’Everest des mers et a gravi en 2023 le plus haut sommet du monde. Mais le seul skipper à avoir conquis les deux Everest est en difficulté depuis le début de cette course : « La première nuit, j’ai eu un problème de gennaker, la deuxième un problème de grand-voile, la troisième où j’ai passé la nuit à régler des problèmes. Le hook est cassé, le rail de grand-voile est coincé ».
Mais c’est une blessure à la cheville qui rend la situation intenable. « La douleur est constante, surtout quand je pose le pied sur une surface courbe, et j’ai donc beaucoup de mal à me déplacer à bord. Cela rend tout cela impossible pour changer des sections de ce rail de grand-voile de trois mètres de long, c’est un travail réservé à un vrai chantier. J’ai donné tout ce que j’ai pu. Mais je ne peux que vous laisser imaginer la douleur mentale et physique dans laquelle je suis en ce moment. Mais je reste positif, malgré cette grande frustration, je sais que cela va me booster pour l’avenir. »
Le skipper hongrois Szabolcs Weöres a réussi à faire quelques progrès en retirant la majeure partie de son kite A7 endommagé de son étai, mais il ne s'arrêtera pas à Madère car les vents devraient encore être trop forts. Il compte plutôt se diriger progressivement vers les îles Canaries, situées à 250 milles au sud. Il est toujours au près dans des vents de 30 nœuds aujourd'hui, mais il semble de bonne humeur et déterminé à continuer le combat.
Les leaders ne sont pas encore bien engagés dans la bande de vents faibles qui les sépare des îles du Cap Vert. Les vitesses sont parfois réduites à quatre ou cinq nœuds avec un écart latéral entre les deux IMOCA VULNERABLES – Thomas Ruyant à l’ouest et le leader Sam Goodchild à l’est – d’environ 100 milles nautiques.
Le Britannique Goodchild tient bon avec une dizaine de milles d'avance sur Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) en deuxième position tandis que la Suissesse Justine Mettraux (TeamWork- Team Snef) a évolué toute la journée entre la troisième et la quatrième place, profitant d'une course d'accélération rapide dans la nuit aux côtés du skipper allemand Boris Herrmann (Malizia-Seaexplorer).
« On était à 30 nœuds sur une mer calme, côte à côte avec Boris, on a gardé un peu de vent, ce n'était pas vraiment prévu comme ça mais c'est bon pour le moral », a rapporté le coureur suisse, « Oui, on a rattrapé notre retard mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir ».
Chacun a sa façon d'aborder l'immense zone sans vent qui s'offre à lui. Et la flotte est de plus en plus compacte. Ce matin, dix marins étaient à 60 milles du leader. En fin d'après-midi, ils sont 15. Les bateaux à l'est semblent avoir un avantage pour l'instant, alors que les leaders se repositionnent à l'ouest. L'Italien Giancarlo Pedote est quatrième ou cinquième ce soir sur Prysmian.
De nombreux skippers ont refait leur retard. La jeune étoile montante de la course, Violette Dorange (Devenir), en fait partie. La jeune femme de 23 ans était à l'appel ce matin : « Je suis contente d'être de retour, ça fait du bien au moral », a déclaré la benjamine de la course dont le vieux bateau à dérives est en embuscade parmi quelques foilers.
De son côté, le doyen des navigateurs, Jean Le Cam, 65 ans, a choisi une option un peu différente des autres en se rapprochant des Canaries : « Il essaie d'insister sur une route d'Est, ce qui est intéressant même s'il sera aussi confronté à du vent faible », précise Christian Dumard.
<p>Le Cam estime quant à lui que le calme va toucher le groupe occidental. « La situation n’est pas facile mais dans la vie, il faut oser, le doute doit faire partie de la performance ! »L'article Premier skipper sorti du Vendée Globe est apparu en premier sur All At Sea .