La quatrième journée du Vendée Globe, course en solitaire autour du monde sans escale, voit un nouveau leader prendre la tête. Alors que les leaders passent la latitude des îles Canaries, où ils trouveraient normalement les alizés qui soufflent pour les porter vers le Cap-Vert et l'équateur, la brise se fait plus légère et devient de plus en plus instable.

Après Charlie Dalin, Sam Goodchild et Yoann Richomme, voici Nicolas Lunven (photo) (HOLCIM PRB). Fraîchement titré hier sur 24 heures, Lunven prend la tête de la flotte des 40 bateaux cet après-midi devant Yoann Richomme (Paprec-Arkéa). La course s'étend désormais sur 400 milles pour rejoindre le Chinois JingKun Xu (Singchain Team Haikou) en 40ème position.

Mais alors que les leaders s’affairent à trouver la meilleure route vers le sud de l’équateur, les problèmes sont toujours importants pour Maxime Sorel (V and B – Monbana – Mayenne), dont la cheville le préoccupe toujours et qui doit monter au mât, et pour Szabolcs Weöres (New Europe) qui a grimpé au mât ce matin pour régler en partie son problème de voile d’avant A7 enroulée autour de son étai et de son J2. Il a beaucoup coupé mais doit encore trouver un refuge tranquille quelque part pour tenter de réparer sa grand-voile gravement déchirée.

A l’avant, l’intensité est celle d’une course au large en solitaire du Figaro. Il n’est donc pas surprenant que Lunven et Richomme, tous deux doubles vainqueurs de la course monotype en solitaire, s’en sortent si bien. Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) est sixième et semblait inhabituellement épuisé et irritable ce matin lorsqu’il s’est exprimé lors d’une conférence téléphonique avec les médias français : « J’ai passé une nuit blanche, je pense que j’ai fait tout un catalogue de mauvaises manœuvres et j’ai fait les mauvais choix. Je me suis arrêté devant l’île. Je n’ai pas eu de chance, c’était très frustrant. »

Le Britannique Sam Goodchild était sixième ce matin mais a réussi à remonter à la troisième place sur VULNERABLE. Il a dû changer de pilote après une autre panne et est donc en panne. Il a expliqué sa perte temporaire ce matin : « Je viens de m'arrêter sous un nuage de pluie pendant 25 minutes, ce qui est un peu fastidieux, j'espère que les autres auront fait de même. La météo n'est pas simple pour l'avenir, on pense qu'en arrivant aux Canaries, on aura des alizés mais ils ne sont pas très stables et donc essayer d'aller vers le sud n'est pas aussi clair qu'on l'espère, donc la question est de savoir comment nous allons aller vers le sud, que nous traversions les Canaries ou qu'il y ait un autre passage vers le sud . »

L'Allemand Boris Herrmann (GER Malizia SeaExplorer) est neuvième et très dans son rythme de course : « Je vais très bien. C'est ma première matinée pieds nus, le soleil brille, je navigue à 14 nœuds dans 11 nœuds de vent et je vois Justine Mettraux à travers ma fenêtre et elle est légèrement derrière. Je l'ai dépassée il y a environ une heure. Je n'ai pas beaucoup dormi la nuit dernière car nous devions faire face à Madère, nous avons eu beaucoup d'instabilité, beaucoup de nuages et de rafales, ce que les autres ont eu aussi, je le sais, car j'ai parlé à Yannick Bestaven il y a un petit moment. Je me sens bien physiquement et mentalement, plutôt zen, je dois travailler sur mon sommeil, une fois que nous en aurons fini avec ce genre de conditions, je nettoierai le bateau et je trierai tous mes cordages qui traînent dans le cockpit , je mangerai un peu. Je profite. Je fais attention à mon humeur pour ne pas trop me stresser et ne pas avoir de drôles d'émotions car sur le bateau, il n'y a nulle part où aller. "Je suis prudent et je prends soin de moi et j'ai plutôt bien trouvé mon rythme. Il a fallu essayer de laisser Madère à bâbord, empanner et trouver la bascule du vent, ce n'était vraiment pas facile ".

Après un cap Finisterre difficile, la météo semble désormais offrir un peu de répit bienvenu à la flotte des solitaires. « Les leaders ralentissent avec moins de vent – 13 à 15 nœuds – et une mer plus plate qui va leur permettre de glisser tranquillement et d’être stables », explique Basile Rochut, consultant météo du Vendée Globe.

« C'est déjà une ambiance tee-shirt et alizé », poursuit le leader Lunven, invité cet après-midi du Vendée Live, l'émission quotidienne de la course.

Pour les leaders, le vent va continuer à faiblir. Cela devrait profiter au reste de la flotte, dont certains doivent encore composer avec des conditions animées. « On a enregistré une moyenne de 30 nœuds et des pointes à 40 nœuds pour Jingkun Xu (Singchain Team Haikou) qui ferme la marche », a précisé le météorologue Rochut.

« Cela semble très compliqué à « Il faut faire face à cet alizé » admet le skipper de Fortinet-Best Western Romain Attanasio. Louis Burton et Boris Herrmann parlent tous deux aujourd’hui d’une « situation pas très claire ».

Pendant ce temps, Pip Hare (Medallia) est en meilleure forme après avoir trouvé les premiers jours difficiles : « Je me sens bien maintenant et je suis un peu mieux qu’avant, dans mon rythme maintenant. Ce n’est pas simple de regarder devant soi et il faut trouver un équilibre entre se lancer et essayer de ne pas prendre trop de risques. Mais en général, je pense que l’ouest est le meilleur et je continue à regarder et à me couvrir un peu. Surtout, je navigue vite et mon travail maintenant est d’utiliser les foils sur lesquels nous mettons tant d’efforts pour maximiser la vitesse. C’est une course très serrée et c’est pourquoi lorsque vous ralentissez pour faire un changement de voile à ce moment-là, vous perdez beaucoup de milles par rapport à tous ceux qui vous entourent et donc être proche est excitant mais cela vous fait penser à faire les choses différemment. »

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