Alors que les leaders de la flotte se dirigent enfin vers le sud et que la brise semble à nouveau établie, le Britannique Sam Goodchild (VULNERABLE) a pris une avance appréciable à la tête de la flotte du Vendée Globe. Alors que la course entame sa deuxième semaine, à quelque 300 milles nautiques au nord-ouest des îles du Cap-Vert, Goodchild compte près de 40 milles d'avance sur Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) qui est à quelque 65 milles à l'est et 70 milles devant son compagnon d'écurie Thomas Ruyant qui converge depuis l'ouest vers le nouveau VULNERABLE.

Les leaders semblent désormais avoir encore 100 milles de vents légers à traverser avant que l'alizé de nord-est ne soit mieux établi, mais Goodchild avance à une vitesse décente de 13 ou 14 nœuds ce matin. Simon, plus proche de la zone de haute pression de vents légers à l'est, reste plus lent.

Sinon, les suspects habituels, le groupe de favoris d'avant-course tels que Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance), Jérémie Beyou (Charal), Yoann Richomme (Paprec Arkéa) sont tous proches - à moins de 20 milles les uns des autres - à environ 130 milles au nord derrière Goodchild qui a maintenant la pression supplémentaire d'ouvrir la route vers le pot au noir.

Mais en observant la flotte hier soir, Jacques Caraës, de la Direction de Course, prévient : « La flotte ne trouvera probablement pas de vent avant demain midi pour ceux qui sont les plus à l'Ouest. Là, c'est encore très léger, leur largage se fera probablement dans 24 heures. »

Les deux skippers les plus à l’Est, Jean Le Cam (Tout commence en Finistère – Armor-lux) et Conrad Colman (MS Amlin), tentent de longer les côtes africaines. « Le point positif, c’est qu’ils trouvent désormais un flux de vent de Nord, décrypte Caraës. En revanche, il leur faudra se repositionner à l’Ouest à un moment donné et empanner pour rejoindre le Pot au Noir. »

Et en regardant l'avance de Goodchild, l'ancien recordman du tour du monde et coureur dit : « Même si le vent est irrégulier, il a réussi à profiter des effets locaux pour faire s'étirer l'élastique ».

Et Justine Mettraux (TeamWork-Team Snef) d’expliquer : « Les fichiers ne correspondaient pas forcément à la réalité et Sam a très bien géré ça. Il a su exploiter les bascules de vent au bon moment plutôt que d’attendre une bascule de vent à plus long terme. Plusieurs d’entre nous ont attendu une bascule de vent qui a mis du temps à venir. Et je commence seulement à avoir ça depuis hier soir ».

Comme on pouvait s'y attendre, le leader de la course reste discret et concentré, il a envoyé hier soir sa vidéo quotidienne, se filmant devant le coucher de soleil. Il parle de la météo – « on a eu des grains, du vent, de la pluie » -, des petites choses du quotidien – « j'ai pu prendre ma première douche et changer de t-shirt » – et de la suite ( « on va vers le sud » ). Pas un mot sur sa position de leader. On l'entend répéter « tout va bien » et assurer qu'il « est content d'être là » . Un leader humble, même s'il est de plus en plus admiré par ses pairs sur le parcours.

Éric Bellion (STAND AS ONE) a participé à la Transat Jacques Vabre avec Sam en 2015, terminant 7ème. C'est un fan qui n'est pas surpris par le talent et la ténacité du skipper VULNERABLE :

« Sam Goodchild, c’est Sam Goodchild. Dans mes pronostics, j’avais dit qu’il deviendrait le premier étranger à remporter le Vendée Globe. J’y crois profondément. Je l’ai vu à l’entraînement, j’ai navigué avec lui. Il fait les bons choix, il va vite. C’est une personne extraordinaire, un marin hors pair. Il ira très loin dans ce Vendée Globe. »

De telles récompenses semblent prématurées pour Goodchild, qui a patiemment préparé son premier Vendée Globe, naviguant dans toutes les classes, toutes les courses et tous les records, des géants Ultim à La Solitaire, qu'il a retrouvée avec le sponsor Leyton et qu'il a frôlé de peu en 2020. Il est bien conscient que son avance pourrait bien être éphémère. Il va devoir se battre bec et ongles pour la conserver. Dans le viseur cette semaine, les skippers devront négocier le Pot au Noir avant de poursuivre leur descente vers l'Atlantique Sud.

Si les marins s’habituent à l’idée que cette course est très, très longue, ces derniers jours leur ont permis de prendre le pied marin, de s’habituer au large et aussi de gérer l’éloignement de leurs proches. « J’ai mis du temps à me mettre dans la course », confiait Damien Seguin (Groupe APICIL) hier matin. Bellion, comme à son habitude, a été tout aussi franc. Ses propos ont une portée quasi-totale : la plupart des skippers ont incontestablement fait preuve d’un esprit de compétition et d’une volonté de fer.J'ai toujours été touché par les mêmes sentiments, entre la douleur de l'adieu et leurs petites joies du grand large.

Bellion a déclaré : « La tristesse que j’ai ressentie en quittant ma famille a pris beaucoup de place et m’a empêché d’être complètement qui j’étais. J’ai dû redoubler de vigilance et faire les choses très simplement car une partie de moi n’était plus là. Maintenant, c’est derrière moi. Je suis heureuse, je suis là où je veux être. Je me sens extrêmement privilégiée… Et je m’éclate ! »

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